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Drapeau européen

On redoute le Brexit en même temps qu’on souhaiterait en profiter…

La capacité de résistance des banques de la zone euro face aux chocs financiers s’est accrue, selon le test de résistance de l’Autorité bancaire européenne (ABE).

En zone Euro, les dernières projections macroéconomiques publiées par les services de la Banque Centrale Européenne (BCE) en septembre 2018 prévoyaient un léger ralentissement, la croissance du Produit intérieur Brut (PIB) en volume, passant de 2,0 % en 2018 à 1,7 % en 2020. Aujourd’hui, le Brexit semble monopoliser les attentions, bien que la dette italienne entraîne aussi quelques inquiétudes.

 

Banques de la zone euro : une bonne capacité face aux chocs financiers

La capacité de résistance des banques de la zone euro face aux chocs financiers s’est accrue, selon le test de résistance de l’Autorité bancaire européenne (ABE).

 

  • Les trente-trois banques supervisées par la BCE ont désormais toutes une meilleure capacité de résistance aux chocs financiers
  • Les coussins de fonds propres moyens des banques sont plus élevés malgré une contraction plus nette des fonds propres dans un scénario adverse plus strict que dans le test de résistance de 2016
  • Le ratio de fonds propres de catégorie 1 (CET1 qui est un indicateur essentiel de la solidité financière des banques) moyen au terme du scénario adverse s’établit à 9,9 %, en hausse par rapport aux 8,8 % enregistrés en 2016
  • Le scénario adverse se traduit par une réduction du ratio CET1 moyen de 3,8 points de pourcentage, plus marquée qu’en 2016 (3,3 points)
  • Parallèlement à leurs efforts de réduction des actifs gérés en extinction, les banques ont nettement renforcé leurs coussins de fonds propres

 

Le test de résistance coordonné à l’échelle de l’Union européenne (UE) par l’Autorité bancaire européenne (ABE) montre que les trente-trois plus grandes banques directement supervisées par la Banque centrale européenne (BCE) ont amélioré leur capacité de résistance aux chocs financiers ces deux dernières années. En dépit d’un scénario adverse plus sévère que lors de l’exercice 2016, le ratio CET1 moyen de ces trente-trois banques, au terme d’une période de trois ans de tensions, s’élève à 9,9 %, un niveau supérieur au chiffre de 8,8 % obtenu il y a deux ans.

 

Le test de résistance à l’échelle de l’Union Européenne (UE) a couvert quarante-huit banques au total, représentant 70 % des actifs bancaires de l’UE. Les trente-trois banques participantes soumises à la surveillance prudentielle directe de la BCE regroupent quant à elles 70 % des actifs bancaires de la zone euro. L’ABE a publié ce jour les résultats du test de résistance sur son site Internet.

 

Grâce aux efforts accomplis dans le traitement des actifs gérés en extinction ainsi qu’à l’augmentation régulière des fonds propres ces dernières années, l’assise en capital moyenne des trente-trois banques était beaucoup plus robuste au début du test de résistance, le ratio CET1 étant de 13,7 %, en hausse par rapport aux 12,2 % enregistrés en 2016.. (Source : BCE Communiqué de presse du 2 novembre 2018).

 

Petite faiblesse pour la balance des paiements mensuelle de la zone euro

  • En septembre 2018, le compte des transactions courantes de la zone euro a enregistré un excédent de 17 milliards d’euros, contre un excédent de 24 milliards en août 2018
  • Sur la période de douze mois s’achevant en septembre 2018, le compte des transactions courantes a enregistré un excédent de 357 milliards d’euros (3,1 % du PIB de la zone euro), contre 339 milliards (3,1 % du PIB de la zone) au cours de la période de douze mois s’achevant en septembre 2017.
  • Dans le compte financier, sur la période de douze mois s’achevant en septembre 2018, les résidents de la zone euro ont effectué des achats nets de titres d’investissements de portefeuille étrangers pour un montant de 324 milliards d’euros (en baisse par rapport aux 572 milliards enregistrés sur la période de douze mois s’achevant en septembre 2017). Les achats nets des non-résidents en titres d’investissements de portefeuille de la zone euro se sont élevés à 98 milliards d’euros (contre 267 milliards sur la période de douze mois s’achevant en septembre 2017). (BCE, communiqué de presse du 19 novembre 2018).

 

Les conséquences du Brexit pour le secteur financier français et européen

Dans le cadre de leurs missions, l’ACPR et la Banque de France veillent sur deux principaux risques liés à la perspective du Brexit : ceux qui pourraient menacer la stabilité financière et ceux qui pourraient remettre en cause la protection de la clientèle. Dans son discours prononcé au Palais Brongniart, le 23 novembre 2018, François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France, Président de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) rappelle qu’il faut :

 

À court terme, bien gérer les risques du Brexit

 

Il s’agit d’éviter un « effet de falaise » qui serait lié à un No Deal Brexit. Les conséquences économiques seraient naturellement beaucoup plus importantes pour le Royaume-Uni que pour le reste de l’Union européenne. …./…

 

Au-delà du Brexit, construire un Eurosystème financier

 

À l’évidence, le Brexit est et restera une mauvaise nouvelle pour le Royaume-Uni, mais aussi pour l’Europe. Mais il peut aussi représenter en partie une opportunité pour restructurer le système financier européen. Nous avons un Eurosystème monétaire efficace – la BCE et les 19 banques centrales nationales ; nous avons le cadre juridique du marché unique financier et – en partie – de l’Union bancaire ; nous avons une capacité d’épargne exceptionnelle, une des premières du monde – 400 Mds€ pour l’épargne financière en zone euro, en flux annuel au deuxième trimestre 2018. Mais nous n’avons pas encore un « Eurosystème financier », fait d’institutions financières plus fortes et paneuropéennes, et d’infrastructures de marché partagées. Soyons clairs : il n’y aura pas une City unique pour le continent, mais plutôt un réseau polycentrique intégré de places financières, avec des spécialisations par domaines d’expertises. Un tel système polycentrique peut fonctionner, comme en témoigne l’exemple américain : la place financière de New York est privilégiée par les banques de financement et d’investissement, la place de Chicago traite des futures, tandis que celle de Boston est spécialisée dans la gestion d’actifs ».

 

L’Europe dans un monde incertain

Voici encore des réflexions de François Villeroy de Galhau Gouverneur de la Banque de France :« Cette 22e édition du Forum financier international annuel est consacrée à l’Europe dans un monde disruptif…./… Par conséquent, dans mes remarques d’aujourd’hui, je souhaiterais parler plus en détail de ces deux dimensions : les défis et les opportunités pour l’Europe, mais également les questions mondiales que nous devons aborder collectivement.

 

1. Nos défis et nos opportunités en Europe

 

…/…. L’expansion économique généralisée de la zone euro se poursuit, à un rythme cependant plus modéré. En dépit d’un ralentissement au premier semestre de l’année, la croissance du PIB devrait encore être supérieure à son potentiel, même si l’écart de production (output gap) est comblé. 9,2 millions d’emplois ont été créés depuis 2013 et le taux de chômage est revenu de 12,1 % à 8,1 %.

 

…/… – Le rythme de la politique monétaire, ces dernières années, a été largement donné par notre instrument des achats nets d’actifs. Mais les achats nets vont très probablement prendre fin en décembre. La fin de nos achats nets d’actifs ne sera cependant pas la fin de notre stimulus monétaire, loin de là, car les trois autres instruments du « quatuor » garderont la cadence ;

 

– Notre deuxième instrument est le stock d’actifs acquis que nous allons intégralement réinvestir, aussi longtemps que nécessaire, afin de maintenir des conditions de liquidité favorables et un degré élevé de soutien monétaire ;

 

– Notre troisième instrument, ce sont les taux d’intérêt directeurs. Il s’agit d’un instrument conventionnel utilisé de façon non conventionnelle. Dans nos indications les plus récentes sur la trajectoire future des taux d’intérêt directeurs (forward guidance), nous avons déclaré que nous maintiendrions les taux d’intérêt à leurs niveaux actuels – y compris notre taux négatif de la facilité de dépôt – au moins jusqu’à l’été 2019 ;

 

– Notre quatrième instrument est la fourniture de liquidité et de crédit aux banques…./…. De telles opérations pourraient à nouveau être envisagées, éventuellement avec des modalités différentes, si cela s’avérait nécessaire.

 

Donc, notre quatuor va bientôt devenir un trio, mais cela reste une formation musicale puissante. La partition, toutefois, va évoluer au fil du temps et nous devons continuer de jouer de façon harmonieuse. En séquence :

 

…/…à mon sens, la diminution des réinvestissements ne devrait venir qu’après le premier relèvement de taux. Par conséquent, nous ne sommes pas obligés de nous précipiter, dès notre réunion de décembre, pour préciser la durée de nos réinvestissements.

 

…/…. Un autre défi, lié dans une certaine mesure au précédent – étant donné que la politique monétaire ne peut pas tout faire –, est la poursuite des réformes structurelles dans les pays où elles sont nécessaires. À cet égard, la France est sur la bonne voie. Je le souligne en tant que banquier central totalement indépendant : le gouvernement français a fait preuve d’un engagement ferme à mener des réformes destinées à stimuler l’emploi, la productivité et la résilience. Je pourrais citer, entre autres : les « ordonnances Macron » de 2017 qui ont donné une plus grande flexibilité au marché du travail ; les réformes fiscales, qui sont venues baisser ou réallouer les prélèvements pesant sur le travail et le capital ; ou la récente loi « Avenir professionnel », adoptée à l’été 2018, qui a simplifié l’apprentissage et amélioré le système de formation professionnelle. Toutes ces réformes seront, je l’espère, renforcées par de nouveaux progrès sur le volet des finances publiques ; mais la France est aujourd’hui en meilleure position qu’avant. …/….

 

2. Au-delà de l’Europe, nos questions collectives

 

…/… Les tensions s’intensifient dans l’environnement international, à commencer par le protectionnisme. Outre le choc de politique commerciale direct résultant d’une hausse des droits de douane, au moins deux facteurs peuvent accentuer la baisse du PIB mondial : un recul de la demande d’investissement dû à la baisse de la confiance des chefs d’entreprise liée à l’incertitude, et une hausse du coût de financement du capital en raison d’une accentuation du risque réel ou perçu lié à l’emprunteur.

 

…/…. En dépit des menaces protectionnistes, l’économie mondiale poursuit sa forte expansion, à un rythme de 3,7 % cette année. Lors de nos dernières réunions au FMI, nous avons souvent utilisé le joli mot français de « plateau » pour décrire la croissance mondiale. Mais ce « plateau » n’est pas uniforme : la forte accélération aux États-Unis, même si elle est temporaire et fragile, est contrebalancée par une modération ailleurs. En résumé, le défi tient au fait que nous sommes en train de passer d’une croissance synchronisée à une divergence économique. Par conséquent, certains pays pourraient souffrir de la hausse actuelle des taux d’intérêt aux États-Unis. …/…» (Paris Europlace Forum financier international 2018, Tokyo, 19 novembre 2018. Extraits du discours de François Villeroy de Galhau Gouverneur de la Banque de France).

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