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Une dynamique instable plombe les marchés boursiers

Une dynamique instable plombe les marchés boursiers

2018, devrait être une année boursière positive (et sportive) avec de nombreuses phases correctives.

Les bourses européennes font du « sur place »

Le début de l’année 2018 a été très chahuté. Heureusement depuis la fin mars, le CAC 40 et le DJ Eurostoxx 50 se sont repris. Mais on peut légitimement s’interroger sur l’avenir : cette meilleure santé perdurera- t-elle ? ou ces indices vont-ils faire du « sur place » autour des zones de 5 550 pour le CAC 40 et de 3 560 pour le DJ Eurostoxx 50 ?

En effet, ces indices sont très instables. En voici deux exemples :

Par exemple, le CAC 40 : son cours au 21-05-2018 est 5645.62, alors que 12 mois avant, il était à 5322.88, sa variation sur un an glissant est positive à + 6,1 %. Quatre jours plus tard, le 25 mai 2018, le cours du CAC 40 est à 5542,55 à la clôture, soit sur un an glissant un gain qui n’est plus que de + 3,9 %. Et le 30 mai à midi le CAC 40 tombe à 5410 points.

Autre exemple, avec l’indice DJ Eurostoxx 50 qui était à 3 572 points au 21 mai 2018, soit sur un an glissant sensiblement le même niveau que le 21 mai 2017. Quatre jours plus tard, le 25 mai 2018, cet indice est à la clôture de 3515,36, autrement dit, sur un an glissant, il est négatif. Quant au 30 mai à midi, le DJ Eurostoxx 50 est descendu à 3424 points.

Pause globale de l’économie mondiale ?

La reprise économique pourrait progressivement s’essouffler, même si les marges des entreprises continuent de se redresser. La dynamique de croissance forte de l’économie de la zone euro, se heurte à certains problèmes internes, par exemple, en France, une dégradation des transactions courantes au premier trimestre. D’une manière plus générale, la croissance des PIB semble avoir atteint ses sommets, on pourrait encore s’attendre à des pauses consécutives…

Le pétrole ajoute une touche négative dans tout cela

« Le prix du baril de pétrole ressort depuis quelques semaines à un niveau qu’il n’avait pas atteint depuis de nombreuses années. Cette hausse peut avoir différentes conséquences sur les marchés boursiers. Je pense que les investisseurs doivent se préparer à ce que les cours subissent une pression indirecte.», constate Kristina Hooper, Chief Global Market Strategist Invesco dans une analyse publiée le 30 mai 2018. Bien qu’elle donne des exemples de marchés positifs avec des hausses du pétrole, elle en conclut : « À court terme, je ne serais pas surprise que la hausse des prix du pétrole continue d’exercer une pression haussière sur le rendement des bons du Trésor à 10 ans et provoque une nouvelle correction des marchés boursiers. »

Cours du baril en $ :

30 mai 2018

66

21 mai 2018

72

6 avril 2018

62

12 février 2018

58

2 novembre 2017

54

Cours officiels du pétrole WTI arrondis au dollar inférieur

L’ère de la volatilité

Mabrouk Chetouane, responsable de la recherche et de la stratégie, chez BFT IM, s’interrogeait comme suit le 11 avril 2018 : « Les marchés actions sont entrés depuis peu dans un régime de volatilité plus marquée. Cette nouvelle tendance reflète-t-elle une dégradation des fondamentaux économiques ? »

Toujours à propos de la volatilité, dans un commentaire Marchés actions du 24 avril 2018, SwissLife constatait « des pics de volatilité de plus en plus fréquents ». En 2018, la volatilité semble bel et bien traverser une nouvelle séquence après avoir évolué à des niveaux particulièrement faibles, l’année passée.

Selon Jaimy Corcos, Gérant Actions chez Swiss Life Asset Managers, il est intéressant de confronter l’accès de volatilité du début d’année aux standards historiques : « La volatilité réalisée s’inscrit dans une phase ascensionnelle. Les niveaux de volatilité actuels sont élevés, mais pas exceptionnels par rapport au passé, sur une période sensiblement longue ».

« Pour la moitié des sélectionneurs de fonds professionnels la volatilité est une de leurs principales préoccupations pour 2018 et ils sont divisés sur son impact sur les portefeuilles, selon une enquête de Natixis Investment Managers » (Natixis, 24 avril 2018).

Les marchés de la zone euro : « Mais pourquoi tant de haine ? »

C’est Bernard Aybran, directeur de la multigestion, directeur général délégué Invesco AM, qui se posait la question ci-dessus. Pour lui, « l’appréciation de l’euro ne suffit pas à expliquer la sous-performance des marchés de la zone Euro ». Cette sous-performance s’explique plutôt par comparaison par rapport aux croissances bénéficiaires nettement inférieures au plus grand marché mondial, les USA.

Ensuite, la composition sectorielle des marchés européens explique aussi ce retard. Les valeurs technologiques représentent le premier secteur des marchés US et d’Asie émergente, tandis que ces valeurs ne pèsent que 8 % de la cote de la zone Euro.

Dans un commentaire datant de janvier 2018 la gestion de Edmond de Rothschild remarquait : « Malgre? ce contexte porteur, deux faits marquants suscitent des interrogations et viennent le?ge?rement peser sur la tendance du marche? : d’une part, la remonte?e des taux souverains (le taux 10 ans ame?ricain est passe? de 2.4 % fin 2017 a? 2.7 % en fin janvier 2018, et le bund allemand de 0.4 % a? pre?s de 0.7 %), et d’autre part, l’acce?s de faiblesse du dollar. …/…Dans ce contexte, nous restons constructifs sur le de?roulement du cycle mais prudents a? court terme ».

Au lendemain des élections italiennes, Bruno Colmant, chef économiste de la banque Degroof Petercam constatait : « Même si les élections italiennes ont été remportées par des partis populistes, elles formulent une expression démocratique. Au-delà des problèmes de migration, ce populisme est incidemment le reflet d’un rejet des Traités européens et de la discipline budgétaire qu’ils ont imposée… /… L’application intégrale du programme de gouvernement italien, considéré comme délirant par de nombreux économistes, constituerait un danger pour l’euro…/… A terme, il y aurait un réel risque de défaut sur la dette italienne ».

Et dans un « point de vue du 25 mai 2018, Bruno Colmant, chef économiste de la banque Degroof Petercam, membre de l’Académie Royale de Belgique concluait : « A mes yeux, une question reste en suspens : l’euro ne contribue-t-il pas à effriter l’Europe ? On sait que l’euro n’est plus adapté à sa zone, étant une monnaie trop forte pour les pays du Sud et trop faible pour les pays du Nord. On sait qu’une politique monétaire unique est incohérente avec des Etats souverains intrinsèquement différents et asynchrones dans leur articulation économique et étatique. On essaie, vaille que vaille, d’imposer des dévaluations internes aux pays du Sud tout en stimulant modiquement la consommation intérieure des pays du Nord.»

Dans ses « Perspectives économiques – 2ème trimestre 2018, pour la zone Euro, John Greenwood, Économiste en chef d’Invesco « s’attend à ce que la hausse de 2017 se poursuive durant la première moitié de 2018, mais il voit également des signes clairs que la croissance atteint un sommet, notamment celle de l’économie allemande. En attendant, le système bancaire de la zone euro reste vulnérable ».

Les petites capi en forme

Allianz Global Investors reste positif sur les petites capitalisations européennes : « Dans un contexte de croissance économique qui perdure en Europe, malgré la volatilité des marchés actions des derniers mois, Allianz Global Investors croit encore fortement au potentiel des petites capitalisations européennes. En effet, elles bénéficient d’avantages structurels indéniables, à la fois pour améliorer le beta et l’alpha d’un investissement. En termes de beta, elles offrent un potentiel de performance supérieur à celui des grandes capitalisations, grâce, entre autres, à l’effet de taille, à la diversification qu’elles apportent, aux possibilités de fusions et acquisitions, à leur exposition aux zones en croissance. La qualité de leurs structures financières s’est également améliorée au cours des dix dernières années, et leur gouvernance – elles sont souvent détenues par leur management – est un moteur de performance supplémentaire ». (Communiqué de presse du 17 mai 2018).

Bonnes nouvelles de Chine

Sean Taylor, CIO Asie-Pacifique de Deutsche Asset Management estime que « la nomination récente, par le Parlement chinois, de Yi Gang au poste de gouverneur de la Banque populaire de Chine est considérée comme un signe positif que la Chine poursuivra son processus de réforme tout en assurant sa stabilité financière…/… La nomination de Liu He au poste de vice-premier ministre chargé de la politique économique et de la fusion des régulateurs des secteurs de la banque et de l’assurance devrait conduire à une restructuration plus poussée de l’économie et à un meilleur contrôle de la dette des entreprises publiques. Ces nominations sont donc jugées positivement, les deux fonctionnaires étant favorables aux réformes tout en bénéficiant d’une solide expérience passée. Nous estimons donc que la stabilité de l’économie chinoise et la poursuite des réformes sur les marchés de capitaux continuent d’être positives pour les actions et les obligations chinoises. » (Notre point de vue. Deutsche Asset Management. 26 mars 2018).

Pour Mabrouk Chetouane, responsable de la recherche et de la stratégie, chez BFT IM (11 avril 2018) : « La Chine est revenue au coeur de l’attention des investisseurs, soucieux des conséquences de nouveaux tarifs douaniers américains. A ce stade, l’Empire du Milieu ne devrait toutefois pas réellement souffrir de ces décisions : outre le fait que l’impact devrait finalement être beaucoup plus modéré qu’envisagé initialement en raison des négociations engagées par les deux parties, la Chine poursuit sa mutation d’une économie industrielle vers une économie de services.»

John Greenwood, Économiste en chef d’Invesco prévoit « une croissance de l’économie chinoise de 6,7 % en 2018, citant trois facteurs qui ont freiné sa performance par rapport aux taux de croissance significativement plus élevés entre 2000 et 2009. John Greenwood estime que la Chine continuera à faire face aux problèmes de ses entreprises publiques et de ses capacités excédentaires dans diverses industries tant que les dirigeants du pays continueront à reporter les réformes fondamentales afin de préserver une économie partiellement détenue et gérée par l’État ».

Perspectives positives pour l’Asie hors Japon

Pour Mike Shiao, Directeur des investissements Asie hors Japon: « Malgré la volatilité de ce début d’année, les marchés d’Asie hors Japon devraient continuer de s’apprécier en 2018. Les fluctuations brutales enregistrées récemment par les actions asiatiques ont interpellé les investisseurs ; mais pour Invesco, ces mouvements sont une réaction aux tendances présentes sur d’autres grands marchés, et les actions asiatiques devraient continuer de s’apprécier en 2018 grâce à un environnement politique et macroéconomique stable, à la croissance des bénéfices et au niveau favorable des valorisations et des conditions de liquidité. Néanmoins, les experts en actions asiatiques d’Invesco mettent en garde contre l’impact de certaines incertitudes extérieures, qui nécessiteront un suivi attentif en 2018…./… La croissance du PIB global en Asie devrait se maintenir aux alentours de 6 % en 2018, grâce à l’accélération de la dynamique de l’économie mondiale et à la hausse de la consommation intérieure, alimentée par une progression régulière des revenus. De plus, le contexte politique stable, en particulier en Chine et en Inde, est favorable à de nouvelles réformes ». (Invesco Hong Kong, 3 mai 2018).

La prise de risque s’est intensifiée sur la plupart des marchés

C’est un communiqué du 24 mai 2018 de la BCE qui le dit : « Les conditions de la stabilité financière restent favorables dans la zone euro, mais la prise de risque s’est intensifiée sur la plupart des marchés …/… Les vulnérabilités s’accumulent sur les marchés financiers mondiaux. Une forte hausse de la volatilité sur les marchés boursiers américains début février a souligné la fragilité actuelle du sentiment des marchés. Des primes de risque réduites et des signes de prise de risque accrue sur la plupart des marchés financiers mondiaux nécessitent un suivi attentif. » …/…« Toutefois, une détérioration de l’environnement de croissance ou un assouplissement de l’orientation budgétaire dans les pays lourdement endettés pourrait se répercuter sur les perspectives budgétaires et, par extension, sur le sentiment des marchés envers certains émetteurs souverains ».

Et le 30 mai 2018 dans ses « Perspectives. Conjoncture pour juin 2018 », Swiss Life Asset Managers ne remonte pas forcément le moral des troupes :

« A retenir :

  • La remontée des prix du pétrole pourrait tirer l’inflation au-dessus de nos prévisions à court terme
  • La coalition italienne antisystème alimente une résurgence des incertitudes sur l’avenir de l’euro
  • Les statistiques japonaises décevantes déclenchent une révision substantielle de nos estimations ».

Garder la tête froide

Toujours chez Swiss Life Asset Managers, mais près de trois mois plus tôt (exactement le 5 mars 2018) Tatjana Puhan, Responsable du département Gestion multi-actifs et actions, écrivait : « Les marchés actions restent très attractifs, à condition de maîtriser son exposition au risque ». Elle continuait comme suit : « La volatilité est repartie brusquement à la hausse en janvier. Mais se désengager des marchés actions priverait l’investisseur de la meilleure source de rendement actuellement disponible, à moyen terme. L’enjeu est plutôt de parvenir à gérer de façon optimale son couple rendement/risque.»

Au final, nous estimons que l’année boursière 2018 pourrait être positive sur les marchés développés et les marchés émergents d’Asie et d’Amérique latine, mais ces marchés seront tendus et ils pourraient alterner des hausses et des baisses significatives.

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