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Évolution future des marchés financiers

Tous les espoirs d’une année boursière reposent sur les mois de novembre et décembre

Après 10 mois de marchés instables entrecoupés d’épisodes de hausses et de baisses, peut-on s’attendre à ce que les marchés soient plus favorables au cours des deux derniers mois de cette année ?

Après 10 mois de marchés instables entrecoupés d’épisodes de hausses et de baisses, peut-on s’attendre à ce que les marchés soient plus favorables au cours des deux derniers mois de cette année ?

En YTD (year to date) c’est-à dire en prenant en compte, depuis le début de l’année jusqu’à ce jour de fin octobre où nous rédigeons cette chronique, l’évolution de certains indices (notamment le CAC 40 et le DJ Eurostoxx 50) nous sommes en position négative.

Les marchés ont dévissé

« Les marchés d’actions sont en baisse significative depuis le début du mois et pour certains d’entre eux, depuis le début de l’année. Le VIX, l’indice de volatilité implicite aux États-Unis est monté de 44 % sur la seule journée de mercredi 10 octobre », constate Jean-Jacques Ohana, Responsable de la gestion d’actifs YCAP AM dans la lettre « Perspectives d’YCAP AM.

Rendement, au-delà du monétaire, net de dividende (en devises locales  au 15 octobre 2018)

Indices

Marchés

 

Performance  depuis le début de l’année

S&P 500

500 plus grandes sociétés US

+ 2,55%

Euro Stoxx 50

50 plus grandes valeurs européennes

– 5%

FTSE 100

 

100 plus grosses capi. britanniques

– 6%

Nikkei 225

 

225 sociétés de la bourse de Tokyo

– 0,8%

MSCI EM

Évolution de 24 marchés émergents

– 16 %

(Source : YCAP Asset Management)

Jean-Jacques Ohana rappelle que : « Du point de vue technique, c’est la deuxième baisse discontinue des marchés cette année ». Et il prend comme décision dans sa gestion: « Nous avons décidé de réduire notre exposition aux actifs suivants :

  • Aucune dette italienne ;
  • Réduction de l’exposition aux actifs obligataires risqués, notamment la dette d’entreprise à haut rendement ;
  • Réduction de l’exposition nette aux actions à 15 % dans nos portefeuilles diversifiés.»

Quant à l’institut Rexecode, dans sa synthèse du 29 octobre 2018, il emploie le terme « Un “Octobre noir” pour les marchés boursiers mondiaux ».

Voici un graphe de Rexecode sur les indices boursiers des marchés développés :

Désordres politiques …

« La politique trouble sérieusement la lecture des marchés. Guerre commerciale et Europe : voilà les deux sujets majeurs qui préoccupent actuellement les investisseurs, de surcroît dans un contexte déjà délicat de normalisation des politiques monétaires et de (relative) remontée des taux d’intérêt. Cela nous incite naturellement à conserver des stratégies d’investissement assez prudentes, même si les évolutions récentes ont créé des opportunités. » C’est Jean-Marie Mercadal, Directeur Général Délégué en charge des gestions chez  OFI Asset Management qui s’exprimait ainsi dans « Grand Angle » (26 septembre 2018). Plus d’un mois après ce commentaire on constate qu’il y a peu de changement.

En attendant, l’économie mondiale boude …

« L’économie mondiale connaît un ralentissement asymétrique, caractérisé par une surperformance de l’économie américaine face au reste du monde. Il en résulte un double effet de resserrement monétaire via la hausse des taux d’intérêt et l’appréciation du dollar. Cette divergence crée un équilibre instable : soit les États-Unis devront ralentir, soit la Chine et le reste du monde devront accélérer. …/…Un équilibre instable : les États-Unis vont-ils ralentir ou le reste du monde va-t-il accélérer ? …/… Les marchés récompensent les États-Unis pour leur surperformance macroéconomique, les actions mondiales hors États-Unis étant en baisse depuis le début de l’année » Witold Bahrke, Stratégiste Macro Senior chez Nordea Asset Management (Perspectives macroéconomiques d’automne : une divergence perturbatrice Nordea AM).

Quant à Groupama Asset Management, cette société de gestion écrivait déjà le 6 septembre 2018 dans sa stratégie d’investissement : « Si l’environnement conjoncturel demeure globalement favorable, les marchés financiers font désormais face à de nombreuses incertitudes. La croissance économique s’avère un peu moins synchrone et partagée d’une zone géographique à l’autre qu’il y a quelques trimestres. De plus, la recrudescence récente des tensions commerciales internationales et des risques politiques pourrait peser sur les conditions macroéconomiques ».

Garder la tête froide

Dans sa « Revue des marchés », Stefan Scheurer Director Global Capital Markets & Thematic Research de Allianz Global investors, relate : « Les statistiques mondiales confirment le caractère contrasté de la croissance économique, la vigueur de la croissance américaine compensant des données moins robustes en provenance d’Europe, du Japon et de certains marchés émergents. Malgré un impact palpable sur certains indicateurs de confiance macroéconomiques, les retombées négatives potentielles du conflit commercial déclenché par les États-Unis ne sont pas (encore) visibles dans les statistiques économiques plus globales. En conséquence, l’économie mondiale pourrait continuer de croître à un rythme légèrement supérieur à son potentiel au cours du second semestre 2018. Cependant, les indicateurs d’inflation sont orientés à la hausse à travers le monde, principalement sous l’effet du rebond des cours du pétrole et de la croissance plus soutenue des salaires. En effet, les salaires réels au Japon ont notamment enregistré leur plus forte croissance en 21 ans. Dans ce contexte, les principales banques centrales poursuivent la normalisation de leur politique monétaire. Dans le sillage de la vague de chaleur que nous avons connue cet été, devons-nous nous attendre à une phase de refroidissement ? …/… Cependant, en cas d’aggravation des tensions commerciales, les incertitudes (politiques) pourraient s’envoler et entraîner une hausse des primes de risque. Dans ce contexte, il conviendra de garder la tête froide »

Guerre commerciale : second round !

Tel est le titre choisi par Nordea dans une analyse économique publiée le 2 octobre 2018. : « A l’entame du mois de septembre, l’appétence pour le risque a été alimentée par l’espoir de nouvelles négociations commerciales entre la Chine et Washington. Néanmoins, cet optimisme a rapidement disparu, les États-Unis ayant finalement annoncé la mise en place de droits de douane de 10 % sur 200 milliards de dollars de produits chinois supplémentaires. La raison de cette décision : le déficit commercial des États-Unis vis-à-vis de la Chine a atteint de nouveaux sommets en juillet. Il y a donc de bonnes raisons de penser que Donald Trump ne reculera pas dans sa stratégie, en particulier à l’approche des élections de mi-mandat. Au total, la moitié des importations chinoises vers les États-Unis sont désormais taxées, Donald Trump menaçant d’appliquer des droits de douane sur la totalité de ces importations si Pékin opte pour des représailles. On peut bel et bien parler de guerre commerciale », Witold Bahrke, Stratégiste Macro Senior chez Nordea Asset Management.

Wall Street va continuer de faire la course en tête

Daniel Gerino, président et directeur de la gestion de Carlton Sélection dans sa Tribune d’octobre 2018 publiée le 18 octobre 2018 explique qu’ « Au-delà des inquiétudes entendues ici et là sur les menaces de guerre commerciale déclenchée par l’administration Trump, il serait temps de rappeler que le rétablissement de barrières douanières sur les importations américaines s’inscrit dans un projet de rééquilibrage de la balance commerciale des États-Unis vis-à-vis du reste du monde. Actuellement, le déficit commercial de l’économie américaine frôle les 390 milliards de dollars ! Pendant ce temps, l’économie chinoise tourne à 6,5 % de croissance annuelle et déséquilibre les termes du commerce international. A ce titre, la démarche de Donald Trump n’a rien d’irrationnelle et vise à infléchir un rapport de force actuellement beaucoup trop favorable à la Chine. Ces mesures protectionnistes n’auront d’ailleurs qu’un impact limité sur l’économie mondiale. En outre, l’impact inflationniste de ces taxes restera limité ».

Daniel Gerino en conclut que « Dans un contexte de croissance limitée attendue pour l’an prochain (+1,2% en zone euro, +2% aux États-Unis), il convient, par conséquent, de continuer à privilégier davantage les marchés américains au détriment des marchés européens et surtout émergents ».

Une nouvelle crise financière n’est pas pour tout de suite

Rassurant, le Dr. Bruno Colmant, Directeur de la recherche chez Degroof Petercam : « Dix ans après la chute de Lehman Brothers, l’économie mondiale est de nouveau au meilleur de sa forme. Aux États-Unis, la croissance est même redevenue supérieure à son potentiel de long terme. En parallèle, l’endettement mondial a explosé et la Fed remonte progressivement ses taux directeurs, rappelant la situation d’avant 2008. L’histoire est-elle vouée à se répéter ? Pas forcément. » et il développe comme suit ses arguments :

« Les banques centrales ont la mainmise sur l’économie mondiale

Contrairement à la situation qui prévalait en 2008, nous ne sommes plus dans une économie de marché, mais dans une économie administrée par les banques centrales. Au cours des dernières années, celles-ci sont en effet intervenues dans l’économie à un niveau encore impensable il y a seulement 10 ans. Certaines d’entre elles, comme la BCE et la BoJ, soutiennent toujours la reprise de la croissance via leurs plans de « quantitative easing ». Ainsi, la BCE a désormais injecté dans l’économie européenne des sommes équivalentes plus de 25 % PIB de la zone euro. Seule critique à émettre : les banques centrales sont désormais devenues des « hedge funds » aux bilans colossaux, mais toutefois maîtrisés.

…/…

Le vieillissement de la population empêche le retour de l’inflation

Si l’inflation reste si faible dans les grandes économies développées, c’est pour une raison principalement démographique : le vieillissement de la population. Les personnes âgées ont en effet une propension à consommer plus faible que les personnes en activité, et elles épargnent donc davantage.

…/…

L’endettement mondial n’est pas forcément un danger

Pour autant, le monde est désormais plus endetté qu’en 2008. Les dettes privées et publiques cumulées représentent 225 % du PIB mondial selon le FMI, un chiffre en constante augmentation. Or, on sait que les périodes de récession surviennent généralement à cause de problématiques de surendettement, entraînant alors un grippage de la machinerie financière.

Faut-il s’en inquiéter ? Pas forcément. En effet, le bilan des banques est considérablement plus solide qu’il ne l’était avant la crise de 2008. Leurs ratios de fonds propres sont nettement plus élevés qu’à cette époque. Surtout, ces établissements sont désormais débarrassés des « junk bonds » et autres produits spéculatifs qui avaient menacé leur pérennité ». (Dr. Bruno Colmant, Directeur de la recherche chez Degroof Petercam Gestion).

Vers un apaisement des tensions commerciales ?

Yoann Ignatiew et Charles-Edouard Bilbault, Co-Gestionnaires du fonds R Valor de Rothschild Asset Management dans leur lettre d’octobre 2018 estiment que : « le cycle économique américain peut se poursuivre car la Fed se donne suffisamment de marges de manoeuvre pour baisser les taux par anticipation si cela s’avérait nécessaire, en cas d’un ralentissement économique, d’une hausse du taux de chômage ou d’un impact plus fort qu’attendu de la guerre commerciale. Concernant ce dernier point, nous estimons qu’une résolution entre la Chine et les États-Unis peut être envisagée, dès lors que les élections de mi-mandat seront passées, avec une reprise progressive du dialogue permettant une désescalade graduelle. Néanmoins, la maturité du cycle économique américain nous amène à adopter une approche davantage tournée vers l’international pour la recherche de nouvelles opportunités d’investissement. »

Une diversification de bon aloi

« Dans ce contexte, la meilleure stratégie à adopter au sein des portefeuilles actions est la diversification des risques. Nous privilégions ainsi la construction de portefeuilles d’actions internationales composés de valeurs représentant les grandes tendances de demain. Cette stratégie permet d’adopter une approche de long terme tout en diluant les risques régionaux, notamment politiques. Les secteurs à privilégier dans ce contexte sont ceux du big data, de la sécurité et de la cybersécurité, des nouveaux modes de consommation, de la santé, des services à la personne ou encore de la consommation domestique en Asie. Les portefeuilles obligataires doivent quant à eux être couverts contre le risque de remontée des taux, aussi bien présent sur la dette italienne (risque politique) qu’allemande (niveaux incohérents avec les fondamentaux). Le high yield européen offre peu d’opportunités et nous en restons donc éloignés. Les obligations convertibles présentent davantage d’intérêt grâce à une exposition aux marchés actions associée à des risques limités. Les devises « refuges » (dollar, yen, franc suisse) offrent également une protection contre les risques et notamment contre une éventuelle perturbation des marchés émergents. Enfin, l’or est un actif intéressant, aussi bien comme couverture contre l’inflation que comme source de diversification » estime Laurent Gaetani, Directeur Général de Degroof Petercam Gestion dans la lettre de septembre 2018 intitulée « Faut-il craindre de nouveaux risques sur les marchés financiers ? ».

Se renforcer en dettes émergentes

Dans son commentaire de marché Marcelo Assalin, Responsable de la dette émergente chez NN Investment Partners, fait le lien avec une étude réalisée avec la Sloan School of Management du Massachusetts Institute of Technology (M.I.T). Cette étude démontre que l’allocation optimale à la dette émergente devrait se situer entre 8 et 35 % (en fonction du profil de risque des investisseurs) des portefeuilles obligataires dans un environnement de hausse des taux. Or la dette émergente ne pèse qu’entre 2 et 6 % au sein des benchmarks obligataires mondiaux malgré ses nombreux avantages.

Les prévisions quinquennales de Robeco

Robeco a publié son rapport annuel « Expected Returns 2019-2023 » qui donne un aperçu des performances prévisionnelles auxquelles les investisseurs peuvent aspirer au cours des cinq prochaines années.

« Le département Investment Solutions de Robeco estime que le cycle économique mondial bénéficie d’une phase de maturité particulièrement longue. Mais, alors que les banques centrales réduisent l’assouplissement quantitatif et poursuivent leur resserrement monétaire, cette expansion va ralentir. Les valorisations étant élevées dans les principales classes d’actifs, la transition vers la phase suivante risque fort d’entraîner un décrochage des marchés. Une récession semble inévitable. Cependant, pour notre équipe, il n’y a aucune raison de paniquer : l’économie mondiale est toujours en bonne forme et la croissance reste solide. Les États-Unis ont encore le vent en poupe et le durcissement monétaire de la Réserve fédérale n’a pas entravé cette dynamique. Parallèlement, la Chine a réussi à modérer une croissance alimentée par la dette devenue insoutenable, et à la ramener à des niveaux plus raisonnables. La zone euro continue de croître et, de leur côté, les marchés émergents devraient surperformer les pays développés. Notre équipe estime que les actions sont la classe d’actifs qui enregistrera la meilleure performance sur les cinq prochaines années, les valeurs émergentes affichant un rendement de 4,5 % par an et les actions développées, de 4 % pour les investisseurs en euros. Le rendement des obligations d’État allemandes s’établira à -1,25 % par an, contre -0,25 % pour les obligations souveraines des pays développés. Les obligations émergentes en devise locale devraient produire un rendement annuel de 3,75 %, contre 1 % pour les obligations d’entreprises Investment Grade et 1,5 % pour les crédits High Yield.

Prévisions annuelles de rendements pour la période 2019-2023 :

Actions marchés développés

4,00 %

Actions marchés émergents

4,50 %

Obligations d’État allemandes

-1,25 %

Obligations d’État mondiales (pays développés)

-0,25 %

Dette souveraine émergente (locale)

3,75 %

Crédits Investment Grade

1,00 %

High Yield

1,50 %

Immobilier coté

3,25 %

Matières premières

4,00 %

Liquidités

0,50 %

* Rendements libellés en euros. Les rendements des obligations et des liquidités sont couverts en euros, à l’exception de la dette émergente libellée en devise locale. Source : Robeco

Robeco s’attend à un rendement moyen faible, mais positif pour les actions au cours des deux prochaines années, voire des cinq prochaines années.

Être sélectif

« Le retour du risque politique en Italie, les incertitudes quant à l’issue du Brexit, la guerre commerciale initiée par D. Trump, nous conforte dans notre philosophie d’investissement basée d’une part sur l’identification des thèmes porteurs de l’économie mondiale et d’autre part sur des sociétés capable de faire progresser leur chiffre d’affaires, leur résultat opérationnel et leur génération de cash-flow grâce à leur positionnement sur des marchés en croissance », estime Arnaud Cayla, gérant spécialisé dans les fonds Mid Caps dans son commentaire de gestion d’octobre 2018.

Nous pensons que les principales perturbations sont largement prises en compte dans les cours et que les deux mois à venir pourraient se révéler positifs, certains investisseurs ont déjà renforcé leurs positions espérant une plus-value prochaine.

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