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Et si la finance devenait un acteur majeur de la lutte contre le changement climatique ?

Des cataclysmes économiques comme celui du covid-19, il faut avouer que l’on n’en connait pas beaucoup. Pourtant, la finance se doit d’imaginer des scénarii capables de les anticiper. Parmi tous ces facteurs de déstabilisation, le climat apparait comme un catalyseur de crises important pour les années à venir.

C’est en ce sens que le réseau des banques centrales et des superviseurs pour le verdissement du système financier (Network of central banks and supervisors for Greening the Financial System, NGFS), a été lancé en 2017 au « One Planet Summit ». Il regroupe 74 membres et 13 observateurs au 20 octobre 2020 et entend bien s’élargir dans le monde entier.

Au premier rang desquels figurent la Banque de France et l’ACPR, qui veulent par leur « stress test » évaluer la capacité de résistance à un éventuel choc climatique.

[Attention spoiler], l’idée est assez contestée !

Et si la finance devenait un acteur majeur de la lutte contre le changement climatique ?

Longtemps considérée comme un accélérateur de la dégradation du climat, la sphère financière est en passe d’être bouleversée avec ce nouveau projet de « stress test ».

Si vous vous souvenez de vos cours de mathématiques, (on sait, c’est loin), bien poser un problème est la première étape pour le résoudre.

Dans ce marasme, nul acteur ne peut se targuer d’être un exemple donc inutile de jeter la pierre à qui que ce soit !

Cela étant dit, de plus en plus d’individus et d’entreprises se positionnent pour adopter une stratégie de long terme plus résiliente sur la question climatique.

Le sillon est tracé, ne reste plus qu’à franchir le pas. Plus facile à dire qu’à faire, c’est certain !

Difficile de quantifier l’avenir

Contesté par beaucoup, ce « stress test » a tout de même une valeur inédite.

D’ordinaire, on base des scénarii de résilience en fonction de contraintes passées mais pour ce qui est du climat, les contraintes à venir sont totalement inédites et diffuses.

Pour répondre à cette difficulté à avoir des prises sur le réel, l’idée d’orienter ses tests sur une variation du prix du carbone a été choisie. Le but est de pouvoir quantifier les nuisances éventuelles d’une augmentation du prix de l’énergie, censée aller de pair avec la disponibilité de la ressource. Loi de l’offre et de la demande oblige !

Bien qu’incomplet car reposant sur la seule variable du prix du carbone (dont la valeur est décorrélée du stock à l’heure actuelle), ce test pourrait devenir à terme, une référence sur le plan des projections climat.

Des difficultés d’approvisionnement connues

En 2010, l’AIE (l’agence internationale de l’énergie) déclarait que la planète avait passé en 2006 son pic de production de pétrole conventionnel, soit ¾ de la production mondiale de pétrole.

Depuis, la production de pétrole conventionnel décroit lentement, mais surement et ne remontera jamais. Le pétrole met plusieurs millions d’années à se former, si bien que tout ce qui est consommé est perdu !

Ce qui maintient le système d’approvisionnement à flot pour le moment est le développement des techniques d’extraction de pétrole non-conventionnel (1/4 de la production actuelle) tel que le schiste.

Autrement dit, tant que le pétrole conventionnel ne décroit pas trop rapidement et que le pétrole non-conventionnel permet de compenser, l’approvisionnement continue de se maintenir ou de croitre.

Les projections de l’AIE sur le pétrole non-conventionnel, penchent pour un pic à horizon 2025. Passée cette date, la production globale de pétrole ne cessera de décroitre, avec toutes les conséquences négatives que cela implique, y compris sur la sphère financière.

Partant de ce constat, confronter les banques à des « stress tests » en basant leur analyse sur la question de l’énergie est certes incomplet, mais permet d’aborder la question économique sur ce qu’elle a de plus fondamental, la consommation d’énergie comme vecteur de la création de richesse.

Trois scénarii scrutés à la loupe

Comme expliqué précédemment, analyser des données sur lesquelles les acteurs de la finance n’ont aucune prise n’est pas très éclairant ni légitime. C’est pourquoi, les régulateurs ont pensé à trois scénarii distincts basés sur les prévisions de l’AIE.

Un scénario dit « ordonné » où la transition s’opère pas à pas dans un monde où le prix du carbone monte progressivement. Un deuxième scénario devrait relater des conséquences d’une hausse plus forte du prix du carbone couplée à une baisse du prix du baril de pétrole autour de 30 euros. Quant au dernier scénario, le prix du carbone augmente de façon brutale et la transition semble très difficile à mettre en œuvre.

Le but de ces tests est donc d’analyser le « climat sanitaire » des banques dans un contexte de transition en se basant sur la mise en œuvre des engagements européens en la matière suite aux Accords de Paris.

Critiqués pour ses difficultés à être exhaustifs sur des effets durs à quantifier, ils sont aussi pointés du doigt pour leur manque de légitimité d’un point de vue géographique. En effet, les conséquences de tels scénarii ne sauraient être les mêmes partout sur la planète en même temps.

En d’autres termes, ces « stress tests » ne sont qu’une première pierre à l’édifice d’une lente transition des acteurs de la sphère financière, mais ont le mérite d’exister !

Affaire à suivre, les résultats de ces trois scénarii seront connus au premier trimestre de 2021.

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