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Placements alternatifs

Les placements alternatifs : un loisir plutôt qu’une nécessité

Qui est Tonton Jépargne ? Un ancien banquier, un baroudeur, un acteur de cinéma ? Nul ne le sait vraiment. Une chose est sûre : dans la famille Jépargne, tout le monde se tourne vers lui pour les questions d’argent. Et tous les mois, il nous révèle sa correspondance.

Bonjour Tonton,

Pas évident de placer son argent en ce moment… J’entends que les livrets font perdre de l’argent si on tient compte de l’inflation, que les actions sont hautes, que l’assurance-vie ne rapportera plus rien en 2021…

On me conseille l’or, les montres, les bouteilles de vin, les parkings, le crowdfunding…. Est-ce un bon plan ? Et les forêts ? Ou pourquoi pas les vaches ?

Jean

PS : et mon voisin tient absolument à me montrer sa collection de cartes Pokémon qui, dit-il, a triplé de valeur.

La réponse de Tonton Jépargne : Les placements alternatifs, un loisir plutôt qu’une nécessité

Bonjour Jean,

Un investissement tangible, que l’on peut toucher (parfois boire) avec une espérance de rendement élevée dans un monde de taux bas…

Tentant n’est-ce pas ? Je n’en rajoute pas, les vendeurs en parlent déjà assez.

En pratique, ces investissements présentent aussi de nombreux inconvénients !

Un risque plus élevé

D’abord, ils cumulent plusieurs risques. En plus du risque économique propre à tout investissement (baisse des cours pour une action, baisse de valeur des bouteilles, non-remboursement en crowdfunding…) s’ajoute un risque sur le sérieux de l’intermédiaire.

En effet, l’Autorité des Marchés Financiers ne régule que les marchés et les produits financiers, pas les montres ou les bitcoins ! La protection des épargnants étant plus faible, il faut redoubler de méfiance car ces secteurs attirent les escrocs.

Leurs propositions ressemblent de plus en plus aux investissements traditionnels : il y a quelques mois, c’était les arnaques aux parkings, plus récemment j’ai constaté avec effroi que les sites de presse diffusaient des publicités pour des faux livrets aux taux assez proches des vrais pour semer la confusion.

Malheureusement, au jeu du chat et de la souris, les escrocs sont toujours les plus rapides et la liste noire de l’AMF a toujours un temps de retard.

Même en passant par un intermédiaire sérieux, il n’est pas évident de comprendre l’intégralité des risques auxquels on s’expose.

Tout le processus (parfois fastidieux !) de connaissance client, d’estimation de profil de risque, d’explication des facteurs de risque, de simulation de scénarios… n’existe pas sur les investissements en marge des secteurs réglementés, donc la possibilité de recours est très faible.

Voilà pour la partie risque. Parlons un peu du travail maintenant. Oui, du travail !

Investir “concret”, c’est aussi du travail supplémentaire !

S’ils sont réalisés sans intermédiaire, les investissements dans “du concret” demandent plus du travail ! Il y a bien d’abord un savoir-faire à maîtriser : la rentabilité dépend principalement de notre capacité à trouver les bonnes affaires.

Le second souci, c’est qu’ils demandent un engagement permanent. Pour l’avoir déjà fait, je t’assure que changer un passe de parking et relancer des locataires n’est guère réjouissant… surtout pour un surcroît de rentabilité de 20 euros par mois par rapport à un placement plus passif. À combien valorises-tu ton temps ?

Ensuite, ils ne sont pas extensibles. Après avoir dépensé 10 000 euros pour acheter un parking, il faut redémarrer un travail de recherche pour en acheter un second… Il est aussi impossible de fractionner l’investissement (100 euros par mois par exemple) : la diversification est plus difficile.

Enfin, la plupart de ces placements sont peu liquides (impossibles à revendre rapidement) et deviennent opaques lorsqu’ils sont packagés dans des offres clés en main ou trop délégués. Le tangible ne l’est alors plus vraiment !

Les placements financiers sont des investissements bel et bien tangibles !

Tu l’auras compris, je suis vieux jeu, je préfère les grands classiques de l’épargne (assurance-vie, PEA, SCPI…).

Cela revient bel et bien à investir dans l’économie : une action est une part d’entreprise bien réelle avec ses produits, ses salariés, ses clients, un fonds obligataire est une version plus diversifiée et plus solide qu’un prêt en crowdfunding…

Les marchés financiers permettent d’acheter des affaires « qui tournent déjà » et de diversifier le risque facilement tout en étant protégé par l’AMF. Pourquoi se compliquer la vie ?

Les placements alternatifs doivent, selon moi, rester très minimes dans un patrimoine. Ils sont plus proches du loisir, comme une collection de timbres ou de montres.

D’ailleurs, les très riches ne s’y trompent pas : ils détiennent volontiers plusieurs millions ou dizaines de millions d’euros sur un contrat d’assurance-vie… mais ne feraient jamais la même chose sur des parkings disparates ou des vaches : bonjour l’éparpillement ! (à moins d’avoir un intérêt particulier, industriel ou agricole, pour ces actifs évidement)

Je t’invite humblement à suivre leur voie.

Tonton Jépargne

PS : savais-tu que Saint-Gobain, l’entreprise spécialiste de vitrages et des matériaux de construction, a été fondée en 1665 par Jean-Baptiste Colbert ? Investir sur les marchés, c’est aussi investir sur des entreprises plusieurs fois centenaires et toujours dynamiques aujourd’hui.

Alors je rigole bien quand des sites web montés il y a 6 mois veulent me vendre leurs investissements “tangibles”. Ha ha ha.

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