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Turbulences sur les marchés financiers

Turbulences sur les marchés : gardez la tête froide !

Qui est Tonton Jépargne ? Un ancien banquier, un baroudeur, un acteur de cinéma ? Nul ne le sait vraiment. Une chose est sûre : dans la famille Jépargne, tout le monde se tourne vers lui pour les questions d’argent. Et tous les mois, il nous révèle sa correspondance.                        

Cher tonton,

On ne se connaît pas, je suis un collègue de Sophie qui m’a parlé de vous. Bon, ça suffit ! Le coronavirus va mettre l’activité économique à l’arrêt, je crains un krach. Je vais me mettre à l’abri et revenir lorsque tout cela se sera calmé. On est jamais trop prudent, pas vrai ?

Répondez vite svp

Jules

La réponse de Tonton Jépargne

Bonjour Jules, je vais vous vouvoyer car je ne tutoie que mes neveux et nièces.

En effet, le CAC 40 a perdu 14 % en ligne droite et connu sa pire semaine depuis 2011. Quelques semaines auparavant, les indices étaient à leurs plus hauts historiques.

Pour les investisseurs novices, le moment que nous vivons est une découverte de la volatilité « en situation réelle ». Depuis des années, les marchés étaient très calmes : la volatilité restait un concept théorique, surtout présent dans les questionnaires de risque (La fameuse question « Si les marchés baissent de 10 %, que faites-vous… » ).

Les investisseurs plus chevronnés ont connu des périodes similaires par le passé. Mais ils ne sont pas immunisés contre la panique pour autant : aujourd’hui, ils ont sans doute davantage de capital investi. Nul n’est épargné par le doute, la peur, et peut-être la panique.

Oui, il y a des raisons de craindre. Historiquement, les fortes baisses ont toujours eu des raisons, à la fois économiques et émotionnelles. Je ne veux pas faire de prédictions sur l’évolution de l’épidémie du Covid-19. Chaque crise est différente. Mais la bonne nouvelle, c’est que prédire n’est pas nécessaire pour savoir quoi faire de son épargne.

Lorsque l’on investit en actions, il faut supporter ces phases. Dans une vie d’investisseur, il y aura toujours des turbulences. C’est la contrepartie des rendements élevés. On a rien sans rien !

Alors on peut avoir envie de tout solder. Ou envie d’acheter massivement en anticipant un rebond.

En pratique, ces choix sont souvent pénalisants à long terme.

Sécuriser maintenant en espérant revenir lorsque l’orage est passé ? C’est un brin naïf. D’une part parce que l’on ne sait pas quand les rebonds ont lieu. Et d’autre part parce que lorsque l’orage sera passé, les indices seront sans doute bien plus hauts : le marché anticipe.

À l’opposé, acheter en pleine tourmente peut sembler judicieux (qui n’aime pas les soldes ?), mais de la même manière, nul ne sait jusqu’où peut aller une baisse… et utiliser de l’épargne de précaution pour augmenter son risque n’est jamais une bonne idée.

En réalité, les périodes de volatilité du marché ne sont pas les bonnes périodes pour prendre des décisions majeures. Le plus sain est de… ne rien toucher !

Oui, « Ne pas réagir » peut sembler contre-intuitif en pleine tempête. Mais c’est le plus efficace. Et c’est loin d’être facile ! Faut-il regarder son compte ? Avec modération et en prenant de la distance : l’important est de ne pas être entraîné dans une décision brutale.

Aujourd’hui, quatre choses à faire :

#1 Cultiver l’art de ne pas paniquer

C’est dans des moments comme ceux que nous vivons que cette compétence se travaille. Il faut créer une digue entre la volatilité des marchés et la volatilité mentale.

Pour mettre tout ceci en perspective, pourquoi pas un peu d’histoire ! J’aime l’histoire. J’ai dans ma bibliothèque un livre nommé « Triumph of the Optimists » : il relate un siècle de performances boursières, actions et obligations, pays par pays. Malgré le krach de 1929, les guerres mondiales, le krach de 1987 (le Dow Jones a perdu 22,6 % en une seule journée!), les marchés actions ont toujours été le placement le plus rentable à long terme.

Les hausses sont plus fréquentes que les baisses, mais les baisses sont plus violentes. C’est ce caractère asymétrique qui crée une prime de risque et justifie les bons rendements des actions sur le long terme.

#2 Vérifier que la prise de risque est adaptée à sa tolérance

Arrivez-vous à dormir ? Si oui, tout va bien. Si non, c’est problématique car vous risquez de vendre en panique. Orientez vos nouveaux versements sur des placements plus sûrs de manière à diminuer progressivement votre profil de risque global.

En revanche, si tout va bien, voire même trop bien, vous avez sans doute une tolérance au risque inexploitée. À vous de voir si vous voulez en faire quelque chose ou rester conservateur.

C’est d’ailleurs un bon moment pour repasser les questionnaires de risque avec des réponses plus inspirées !

#3 Vérifier sa diversification

Oui, les marchés actions baissent. Avez-vous assez d’immobilier, d’obligations, de fonds en euros, d’épargne de précaution ? Les fortes variations peuvent faire varier les proportions. Sans chercher à anticiper le marché, il peut être opportun de rééquilibrer vos pondérations pour revenir à votre répartition-cible.

#4 Vérifier son épargne de précaution

Visez trois à six mois de dépenses : c’est indispensable car cela vous rend moins dépendant de la valeur de vos placements.

Voilà Jules. Je crois que j’ai tout dit.

Historiquement, les marchés financiers, et particulièrement les actions, ont toujours offert de bons rendements à qui sait se montrer patient. Est-ce que les actions vont continuer à baisser ? C’est la mauvaise question à se poser.

La bonne question est : est-ce que mon plan est cohérent avec mon horizon de gestion et mon aversion au risque ? Comment puis-je respecter mon plan lorsque je n’ai plus la motivation pour le faire ?

C’est la capacité à tenir le cap qui fait la différence sur le long terme, pas l’anticipation des hausses et des baisses.

Bien à vous,

Tonton Jépargne

 

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