
Entendu au restaurant : le PEL pour un apport personnel ?
La semaine dernière, au restaurant, nous avons entendu notre voisin de table évoquer le sujet qui passionne les Français : l’immobilier.
Nous avons failli tomber de notre chaise en l’entendant évoquer le PEL pour constituer un apport personnel…
Nous ne connaissons pas la situation de cette jeune personne, mais tenions à lui dédier ce message.
Financièrement, c’est un très mauvais plan
- Le rendement du PEL est ridicule. Les PEL ouverts en 2018 rapportent 0,7 % net après application du Prélèvement Forfaitaire Unique. Un taux net inférieur à l’inflation : en plaçant sur un PEL, votre pouvoir d’achat diminue jour après jour. Pas idéal pour acheter de la pierre !
- Le PEL est l’un des rares placements dont le taux de rémunération est bloqué à vie. C’était certainement un avantage lorsque les taux étaient élevés (les détenteurs de PEL à 6 % le savent) mais c’est un inconvénient de taille aujourd’hui.
- Parlons enfin des droits à prêt. Le PEL est un produit censé favoriser l’accès à la propriété. L’idée est bonne : une phase d’épargne pour constituer un apport, suivie d’une phase d’emprunt où l’on utilise l’apport pour emprunter à un taux connu dès l’ouverture.
Les PEL actuels garantissent un taux d’emprunt de 2,2 %. Aujourd’hui, ce taux n’est pas compétitif, il le sera peut-être dans quelques années. Mais le problème n’est pas là.
Le problème, c’est que le montant que l’on peut emprunter avec un PEL n’est pas illimité ! Il est proportion des intérêts générés pendant la période d’épargne. Autrement dit, un PEL à 1 % brut ne donnera droit d’emprunter que quelques milliers d’euros à 2,2 %, faisant reposer l’essentiel du financement sur un prêt complémentaire, à taux de marché.
Ni bon outil pour placer, ni bon outil pour emprunter, on se demande à quoi sert un PEL du cru 2018…
Quelques qualités… qui sont aussi des défauts
En cherchant bien, on trouve deux qualités au PEL :
- Il impose un minimum de versements réguliers
- Il est bloqué : tout retrait entraînant sa clôture
Vous y voyez plutôt des contraintes ? En effet. Mais curieusement, ces contraintes aident les personnes les plus dépensières à verser régulièrement sur leur PEL et à ne pas tout récupérer pour faire les soldes.
Si vous en faites partie, si vous n’arrivez à épargner que sous la contrainte, voici une alternative :
Ouvrez une assurance-vie dédiée à votre apport personnel, nommez-la « Épargne Logement », mettez en place des versements programmés, oubliez le mot de passe pour ne pas être tenté de demander un rachat, et patientez quelques années.
Vous aurez constitué une épargne logement, qui, selon nous, sera bien plus efficace !
Intéressant mais pas d’accord avec votre point de vue. J’aurais tendance à dire le contraire : le taux de 0,7% net est certes ridicule aujourd’hui, mais il ne l’a pas été pendant longtemps. Lorsque le livret A était à 0,5% et les meilleurs comptes sur livret à 0,3%, le PEL avait l’avantage d’une poche d’épargne bancaire réglementée au plafond très important et à la rémunération correcte (n’oublions pas que nous étions alors en quasi-déflation et qu’il était bien moins important qu’aujourd’hui de composer les intérêts ; beaucoup d’AV servaient alors des taux nets comparables).
En ce qui concerne le manque d’intérêt du prêt PEL, emprunter 92k€ à 2,2% quand les taux seront à 4% ne me paraît pas une mauvaise affaire du tout. Chacun calculera que l’économie se chiffre en milliers d’euros. Certes, ça ne couvrira pas tout le prix du bien et chacun l’entend, un prêt classique sera souscrit à côté, mais ça reste une belle économie.